On a assassiné Sherlock Holmes!

DEPUIS QUE LES TEXTES DE M. DOYLE

sont «tombés» dans le domaine public,

de nombreux fantômes du célèbre détective privé hantent

le 221B de la rue Baker Street…


…pour le meilleur et pour le pire.


 

Triple meurtre 

au 221B de la rue Baker Street!

Lestrade et Gregson de Scotland Yard

ont identifié les coupables


Article L. 123-1 du Code de la propriété intellectuelle : l’auteur jouit, sa vie durant du droit exclusif d’exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit et d’en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l’auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l’année civile en cours et les soixante-dix années qui suivent.


Sir Arthur Conan Doyle, né en 1859 à Édimbourg est mort le 7 juillet 1930. Son œuvre littéraire, depuis le début des années soixante-dix, est donc offerte en pâture à tous les gens de plume, talentueux ou non, cinéastes, graphistes, auteurs de BD… Si l’appropriation de ses fameux personnages Holmes, Watson ou Wiggins (le gamin des rues collaborateur «freelance» régulier de Holmes) engendre quelques œuvres réussies, voire lumineuses, il y a bien des fois un détournement éhonté de personnages , une atteinte aux bonnes œuvres scandaleuse, susceptibles d’écœurer les lecteurs abonnés aux chroniques de Baker Street !

 
«Le Secret de la pyramide», film réalisé par Barry Levinson, en 1985, avec Sielberg parmi les producteurs exécutifs, fait surgir un «inédit» savoureux avec un Sherlock junior étudiant ayant pour meilleur camarade un certain Watson… «La vie privée de Sherlock Holmes» (film britannique réalisé par Billy Wilder en 1970) marie judicieusement clichés holsmoniens et récit apocryphe. La bonne vieille série en noir et blanc, diffusée à la RTF (télévision française des années cinquante et soixante), compilation de films de cinéma tournés dans les années quarante, avec Basil Rathbone / Nigel Bruce, est un fleuron du genre… (Les DVD sont en vente sur le Web).

 
Détournement d’oeuvres majeures…


Et puis, il y a les horreurs ! Le pseudo «Sherloch Holmes» (2010) réalisé par Guy Ritchie avec Robert Downey Jr. et Jude Law. Les deux talentueux comédiens y incarnent admirablement un Sherlock et un Watson aussi éloignés de l’œuvre de Doyle que Napoléon est différent d’Astérix. Le film est très bien réalisé, le récit est alerte et intéressant, mais les décors et ambiance londoniens «d’époque» ne sauvent pas l’œuvre filmique de l’arnaque!

La palme d’or de l’outrecuidance en la matière, je la décerne aux épisodes de la série diffusée en ce début 2011 sur France 4, produit de grande consommation concoctée par la BBC (2008)…  Là, on atteint les sommets du crime de lèse majesté ! Le détective de la rue Baker Street est une poupée mannequin Barbie (Ken, vous connaissez?) affublée d’un Watson aussi stupide qu’humilié, gauche et quelque peu tafiole, l’un et l’autre anti-clones des colocataires du 221B Baker Street. Les interprétations de Benedict Cumberbatch et de Martin Freeman sont là aussi admirables, mais dans le registre choisi par les scénaristes: ni l’un ni l’autre n’incarnent un Sherlock et un Watson tels que décrits par leur géniteur…

 
Seuls les noms et leur adresse respectent les originaux!


Une double arnaque puisqu’en plus, ces enquêtes prétendues holsmoniennes se situent dans le Londres contemporain, avec force usage de portables, ordinateurs et autres iPad…

Et c’est là qu’est le détournement le plus antinomique de la série: les méthodes du (vrai) grand détective sont typiquement «datées» ; elles correspondent à une police du Londres victorien, où les tests ADN et autres joyeusetés de police scientifique n’existaient pas… La crédibilité d’un Sherloch repose précisément sur ce postulat: lire des indices «terre à terre», avec ou sans loupe, et un sens de l’observation aiguisé, une science sans faille de l’analyse et de la psychologie des humains.

 

Le 221B Baker Street

n’a plus la même façade!


A l’époque de la police scientifique, voir débarquer sur une «scène de crime», dans ses gros souliers, un «privé» qui rabroue les enquêteurs du Yard -consentants!-, pour officier à sa guise, tout cela est d’un ridicule incommensurable et certainement dénué de toute crédibilité!


L’essence même du  personnage de Sherlock Holmes réside dans la spécificité de cette époque des piétinements policiers, avec sa boue dans les rues glauques d’un Londres gommé par un brouillard à couper au couteau (de Jack l'éventreur?), ses fiacres mystérieux, ses policemen à sifflet… Un Sherlock n’a plus sa place dans la recherche des criminels du 21ème siècle!

 
Reste que la série est remarquablement réalisée, les scénarios sont captivants, alertes, et le montage frise quelquefois la génialité (notamment les flahs successifs qui souligent les illuminations de Sherlock-Barbie). Bref, c’est une bonne ”série” policière et rythmée… mais ce n’est pas du Sherlok!

 
Mais la mode est lancée: désormais, les fans du détective de Baker Street doivent s’attendre à ce que leur héros soit cuisiné à toutes les sauces-ketchup.


GF



10/01/2011
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