Empreintes criminelles: encore un faux Sherlock !
Empreintes Criminelles :
la soupe à l’hémoglobine
de France 2 !
De Stéphane Drouet, Olivier Marvaud, Lionel Olenga avec Pierre Cassignard, Julie Debazac, Arnaud Binard.
La télé de service public sait nous servir de belles fictions... mais elle ne manque pas aussi, trop souvent à mon goût, de nous servir des soupes infâmes, vomitives à souhait, souvent habillées (ou épicées ?) d’un savoir faire sensé nous faire... avaler la grosse ficelle !
La série «Empreintes», clone raté des «experts» scientifiques policiers en tout genre, décidément fort en vogue depuis quelques années, est un ramassis de clichés à l’emporte-pièce, de ficelles scénaristiques usées jusqu’à... la corde, de personnages stéréotypés à outrance, d’images choquantes de mort et de sang (avec nombre de gros plans appuyés de cadavres entaillés, percés, déchiquetés, coupés en morceau au couteau, fouillés à bras le corps par une blondasse poupée mannequin - c'est le personnage que j'assaisonne pas la comédienne- , dans des décors puants d’artifices, faussement réalistes, réellement faux, avec images de synthèse séquentielles d’un Paris 1920 d’Epinal)...
Des récits encombrés et brouillons, un montage démentiel à la sauce ketchup hollywoodienne doublé d’une bande son casse-oreilles (et casse-c...), aussi peu adaptée que volontairement anachronique, avec des effets sonores et musicaux mainte fois entendus dans les séries du même type...
Un désastre !
(Photo france 2)
Julie Debazac en Sherlock féminin?... dans une série complètement... loupée!
...Pour les yeux d'abord (une caméra hystérique, un rythme visuel gratuitement provoquant) et puis pour les oreilles (nécessité de manipuler constamment la télécommande).
Le type même de la série faite par «des pro» selon un standard de «pro» qui ont de la technique mais aucun talent. A noter que la distribution n'est pas en cause: globalement, malgrè quelques fausses notes, les comédiens sont plutôt bons dans les registres qu'on leur a demandés... mais la série ne les sert pas!
L’idée génitrice n’est pas mauvaise en soi : les débuts de la police dite scientifique, mais encore eut-il fallu des enquêtes bien construites et des protagonistes crédibles, une mise en scène judicieuse avec des décors et un environnement visuel qui tienne l’écran. Rien de tout cela! Dans cette production trop «normalisée», mauvaise copie conforme de séries américaines ou anglaises mieux inspirées, où l’on sent la volonté de coller aux fesses des «Sherlock new-look» de la BBC (qui ont été tournés en 2008), diffusés en janvier sur France4.
Peut-être cette série aura-t-elle passionné (?) les ados qui ont aimé le Sherlock du cinoche (Guy Ritchie 2010) ? On y trouve, en beaucoup moins léchés et nettement moins «riches», (moins Ritch) les ambiances visuelles du grand film avec Benedict Cumberbatch (couleurs, rythme du montage, caméra très mobile, etc.) mais si mal desservies par les scénarios que le soufflet se dégonfle au fil des séquences.
On ne peut pas ne pas évoquer le fantôme du détective de Baker Street en critiquant «Empreintes criminelles»... mais pas à l’avantage de cette série indigeste. Manifestement, les scénaristes ont voulu créer une sorte de Sherlock «en équipe», un individu plein d’idées géniales pour traquer intelligemment les criminels en se basant sur l’observation et les « empreintes » plutôt que sur la castagne au commissariat.
Encore un usage abusif, à peine déguisé, des personnages de Conan Doyle (Holmes, Lestrade...) avec, pour alibi justement, une référence officielle à l’invention de la police scientifique - à qui profite le crime d’une telle exploitation des fictions de Doyle ?
A une télé publique qui, faute d’être « novatrice », enfile les bottes des autres, pour marcher sur des traces d’hémoglobine cent pour sang piétinées...
GF
Les trois premiers épisodes ont été diffusé le 25 mars 2011.